Les environnements fœtaux défavorables précoces peuvent perturber de manière significative le développement du système nerveux central (SNC) et altérer par la suite la maturation du cerveau. L'état nutritionnel est une variable majeure à prendre en compte au cours du développement et il est de plus en plus évident que les troubles de la croissance cérébrale chez les nouveau-nés et les prématurés sont liés à des maladies neurologiques et psychiatriques à l'âge adulte.

L'allaitement maternel est l'un des principaux éléments nécessaires au bon développement du nouveau-né en raison des nombreux éléments "constitutifs" que contient le lait maternel. L'apport maternel de nutriments spécifiques pendant l'allaitement peut modifier la composition du lait, affectant ainsi la nutrition du nouveau-né et, potentiellement, le développement du cerveau. La lactoferrine (Lf) est une protéine majeure présente dans le colostrum et la principale protéine du lait humain, qui joue un rôle important dans les avantages de l'allaitement au cours du développement postnatal. Il a été démontré que la Lf possède des propriétés antimicrobiennes et anti-inflammatoires, et qu'elle est potentiellement capable de réduire l'incidence de la septicémie et de l'entérocolite nécrosante (ENC), qui sont particulièrement fréquentes lors des naissances prématurées.

Les effets anti-inflammatoires de la Lf peuvent réduire les pathologies liées à la naissance en diminuant la libération de facteurs pro-inflammatoires et en inhibant la maturation prématurée du col de l'utérus (également liée à des anomalies du microbiome commensal) qui pourraient contribuer à perturber le développement du cerveau. Des données précliniques montrent que la Lf protège le cerveau en développement contre les lésions neuronales, améliore la connectivité cérébrale et la production de neurotrophines, et diminue l'inflammation dans des modèles de défi inflammatoire périnatal, de restriction de croissance intra-utérine (RCIU) et d'hypoxie-ischémie néonatale (HI). Dans ce contexte, le Lf peut apporter un soutien nutritionnel au développement du cerveau et à la cognition et prévenir l'apparition de maladies neuropsychiatriques plus tard dans la vie.

Dans cette revue narrative, nous examinons le rôle de certains nutriments au cours du développement neurologique en lien avec les dernières recherches sur la lactoferrine en ce qui concerne la néonatologie. Nous discutons également de nouvelles preuves indiquant que les voies neuroprotectrices précoces modulées par la Lf pourraient prévenir la neurodégénérescence par le biais de processus anti-inflammatoires et immunomodulateurs.